dimanche 15 mars 2009

Petite Histoire de Rosé Européen



Nouvelle Formule Magique :

Mélanger une litre de Vin Blanc
à quelques gouttes de Vin Rouge

Miracle, un Vin Rosé



Photo Paul Delort, Le Figaro


C'est un tollé ce mois-ci qui secoue la filière viticole française et européenne mais tous les représentants des États membres de l'Union Européenne (les 27, y compris la France) ont adopté (vote indicatif) un projet de règlement concernant les pratiques œnologiques et autorisant le coupage pour obtenir du rosé.


Rappelons qu'un vin rosé "traditionnel" est obtenu à partir de raisins rouges, que l'on laisse macérer après foulage, de quelques heures à une journée. Aucun rosé en France ne peut être créé autrement sauf le Champagne rosé (pour ce cas, soit par macération, soit par assemblage de vins rouges et blancs). L'Union Européenne veut autoriser le coupage, soit l'assemblage de vins blancs et rouges pour faire du rosé. Consternation !!!


Pour la Commission Européenne, le but est de permettre aux pays producteurs européens de s'ouvrir à de nouveaux marchés comme la Chine (Un, on ne voit pas le rapport, deux, c'est permettre l'exportation de produits médiocres), et de se libérer de ses "entraves oenologiques" (soit contourner les règlementations nationales trop strictes comme la France peut être et s'autoriser à faire n'importe quoi).


Le but ultime est de rivaliser avec des pays producteurs du Nouveau Monde qui autorisent cette pratique, comme l'Afrique du Sud ou l'Australie. Il faut espérer que l'UE n'adopte pas toutes les pratiques oenologiques de ces pays qui n'ont jamais mis en place de règlementation pour la production des vins. On peut dans ces pays irriguer la vigne(interdit en France en AOC), aromatiser les vins, acidifier et chaptaliser un même vin (en France, soit l'un ou soit l'autre, selon les AOC), utiliser des copeaux, ...


C'est une mesure dangereuse pour l'image des vins rosés (qui n'ont pas toujours bonne presse) mais cette mesure n'est pas dénuée d'intérêts mais ceux là sont financiés : la consommation de rosés est passée de 8 à 22 % de la consommation totale de vins, rien qu'en France et cela en 15 ans. La France est le premier producteur mondial de vins rosés. Ce sont les industriels de la filière viticole qui ont soutenu cette démarche auprès de l'Europe et ils sont en passe d'obtenir gain de cause. Ils pourront produire des vins rosés à moindre frais mais question qualité ???


Dans cette affaire, rappelons que la France a voté pour l'autorisation du coupage. Seules quelques protestations avaient émané d'Allemagne, d'Italie et de Grèce. Ce n'est que ce mois-ci que l'on a commencé à réaliser. Cette pratique ne devrait pas être autorisée dans le cahier des charges des AOC et des IGP mais uniquement pour des vins sans indication géographique.


Depuis quelques mois, en France, on voit le retour de législations aggressives sur le vin. Restons vigilants. On ne peut pas autoriser tout et n'importe quoi pour produire du vin. Le coupage semble une abération qualitative, moins économique évidemment. Doit-on préférer un rosé "traditionnel" médiocre ou un rosé coupé "européen" médiocre ? L'image du rosé est compliqué dans le regard du consommateur. Peu de gens savent comment il est produit.
Une telle pratique va jeter encore un discrédit sur un produit pourtant si délicat
.



Chers amis, soutenez les BONS VIGNERONS, avec une consommation modérée de vins de qualité.



Dernière minute : mieux vaut tard que jamais, le Ministre de l'Agriculture Michel Barnier serait opposé à la pratique du coupage pour les vins de table
(
Le Télégramme.com et Libération)


A bientôt.


Voir article du 11/03/2009 Le Figaro
Voir article du 10/03/2009 Libération

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